J'ai terminé Ecrire en pays dominé, de Patrick Chamoiseau.
Intéressant et inspirant. Un ovni formel, une inventivité folle, un "Ecrire" (non pas un écrit) qui cumule la biographie, l'essai, le poème-fleuve, qui contient des fragments de la "Sentimenthèque", et de l'"Inventaire d'une mélancolie", le premier référant aux sédiments qu'ont laissé divers auteurs à l'auteur, impressions, perceptions, idées : "Rien de savant, nulles citations : juste des couleurs accolées à mon âme". Le second contient les paroles du vieux guerrier, de tous les peuples, tous les âges et toutes les luttes. Par moments une écriture si inhabituelle (avec beaucoup de tirets notamment), que c'est assez difficile à lire, on bute sur chaque mot ou presque.
Le résumé (qui lui est écrit "clairement")
« Comment écrire alors que ton imaginaire s'abreuve, du matin jusqu'aux rêves, à des images, des pensées, des valeurs qui ne sont pas les tiennes ? Comment écrire quand ce que tu es végète en dehors des élans qui déterminent ta vie ?
Comment écrire, dominé ? L'unique hurlement est en toi.
Un cri fixe qui te pourfend chaque jour : il s'oppose à ces radios, à ces télévisions, à ces emprises publicitaires, à ces prétendues informations, à ce monologue d'images occidentales fascinantes; il refuse cette aliénation active au Développement dans laquelle les tiens ne sentent même plus que leur génie intime est congédié.
Un cri roide de chaque jour. Un silencieux tocsin. »
Dernière modification par Isabella5553 (Le 07-05-2018 à 19h36)